Que devient le centre Wamdé de Moussognouma Sarambé Kouyaté ?

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Créé en 1988 par Moussognouma Sarambé Kouyaté, affectueusement appelée maman Kouyaté, mamie la danse, madame djembé ou maman Africa, le Centre d’éducation artistique et technique ‘’ École du Wamdé’’, est tout simplement parti d’une inspiration de la mère de la fondatrice, celle « d’offrir une vie épanouie et plus juste aux enfants défavorisés ». En garantissant à ces derniers l’accès à l’éducation, à la formation technique et artistique traditionnelle, l’école Wamdé a bâti une réputation d’une trentaine d’années. De ce centre, sont sorties de grandes figures de la culture burkinabè. Aujourd’hui, que devient cette initiative de Moussougnouma Kouyaté ?

La regrettée Djata, Amed Smany, Salif Ouédraogo, Rodrigue Yaméogo et Ama Lengani sont entre autres des figures illustratives de la culture burkinabè formées par le centre Wamdé. Outre l’idée de donner joie et espoir aux enfants défavorisés, maman Kouyaté, comédienne, dramaturge, danseuse et chorégraphe veut donner du tonus à la culture burkinabè par la musique, la danse, le chant, la mime, l’acrobatie et le théâtre à travers la troupe des enfants du Wamdé. En trente ans d’existence, Wamdé a contribué à faire en sorte que chacun de ces enfants ait un projet, un avenir, un rêve et la plupart des anciens de cette école sont dans l’art à travers le monde.

A de nombreuses manifestations culturelles nationales et internationales, les enfants du Wamdé ont participé. On retient entre autres le FESPACO, le SIAO, la SNC, le Festival international de l’Enfance, le Festival international africain de Paris et Mai de l’Enfance. « Nous voyagions chaque année et on avait des contacts avec des établissements scolaires à l’étranger pour la promotion de la culture burkinabè et africaine », se remémore mamie la danse. Au nombre des pays visités, elle se rappelle le Mali, le Togo, le Maroc, la France, la Suisse, la Norvège, le Danemark, la Suède, l’Angleterre, l’Espagne etc. Avec l’appui de Wamdé France dirigé par Marie-Françoise Courel, l’argent récolté lors de ces tournées servait au fonctionnement du centre au Burkina Faso.

Madame Djembé se souvient aussi de ces périodes de ‘’folie’’, quand elle répétait à la Base aérienne, dans la rue, dans les écoles en province où elle partait s’installer avec ces enfants. Loin d’oublier également les groupes particuliers étrangers qu’elle recevait pour des stages en danse, chant, musique, tissage, batik, etc. Mais hélas, tout cela est bien loin.

Aujourd’hui, le centre Wamdé manque de soutien et connaît des difficultés financières au point de réduire le nombre de ses enfants. « Nous avons actuellement une soixantaine de pensionnaires contre 150 environ au départ. Il faut les nourrir, les loger, les scolariser et ce n’est pas facile. Il y a près de 05 ans que je ne prends plus d’enfants », se désole Moussognouma Kouyaté. Ces difficultés sont dues au fait que le centre n’est plus en mesure de faire des tournées à l’international.
Conséquence, maman Kouyaté a dû fermer ses ateliers de formation artisanale (tissage, couture, teinture, menuiserie, etc.) malgré elle. Construits grâce à l’appui d’un réseau d’amis, ces locaux restent inoccupés avec une vingtaine de machines et de métiers à tisser.

La comédienne Kouyaté n’oublie pas non plus le bus qui leur a été donné par la ville de Fougères en France. Cette ville organisait depuis 1995 un festival dénommé « Terre et paix » qui réunissait les orphelins de guerre de la Bosnie, du Nikaragua, du Kossovo, et d’Algérie et auquel participaient les pensionnaires du Wamdé, en tant qu’enfants d’un pays de paix. Aujourd’hui, confrontée aux difficultés, Moussognouma veut faire don au musée national de ce bus aux dessins symbolisant la paix qui n’est plus utilisé.

C’est difficile de mettre toute sa vie dans quelque chose et s’asseoir regarder cette chose se dégrader impuissamment. Je ne pourrai pas le supporter

 
L’espoir fait vivre le centre Wamdé

A contrecœur, elle a également mis fin en 2015 au prix « Graine de baobab Wamdé» d’une valeur de 2 millions de FCFA, initié en 1993 et qui récompensait le réalisateur du film qui a su traiter de façon pertinente un thème sur l’enfance. « C’est difficile de mettre toute sa vie dans quelque chose et de s’asseoir regarder impuissamment cette chose se dégrader. Je ne pourrai pas le supporter », dit-elle tristement.

Même si quelque part, la fondatrice de Wamdé salue la solidarité des autorités à savoir le Premier ministre Paul Kaba Thiéba, l’ex-ministre de la culture et du tourisme, Tairou Barry, Sékou Haidara du comptoir agricole des intrants à Bobo-Dioulasso et des bonnes volontés pour les dons de vivres, la Boulangerie Baguette du Faso qui donne tout le pain non vendu aux enfants du Wamdé depuis 2016 ; elle aimerait franchement qu’un nouvel envol soit donné à son centre. Elle souhaite la réouverture de ses salles de classe et un appui conséquent des autorités en place pour booster la réalisation de ces enfants dans l’éducation artistique et culturelle.

En ces moments critiques, s’il lui est permis d’espérer, de croire toujours en ce rêve, en cette passion, maman Africa ambitionne de créer des structures artistiques dans les quartiers périphériques de Ouagadougou et dans les villages au profit des enfants défavorisés. Elle veut leur donner un lieu de vie et d’apprentissage de la culture burkinabè et africaine. « A travers la musique et la danse, ils connaîtront leur propre identité et sauront que le monde peut s’ouvrir même aux défavorisés », conclut-elle avec espérance.

Assétou MAIGA

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