Le Burkina Faso célèbre la journée internationale de la femme cette année sous le signe de la participation des femmes à la gouvernance. A l’occasion, votre magazine d’actualité féminine Queen Mafa a rencontré Adam Emery Zougmoré, membre du Bureau Politique National du MPP pour avoir son avis sur l’engagement des femmes en politique.
Queen Mafa : qu’est-ce qui explique selon vous la sous-représentativité des femmes en politique ?
Adam Emery Zougmoré : je pense que cette sous représentativité des femmes en politique est liée à l’ignorance et aux facteurs socio-culturels. Quand je parle de l’ignorance c’est au regard du fait, que de par le passé les filles n’étaient pas privilégiées dans la scolarisation comme les garçons. Celles qui avaient aussi la chance d’aller à l’école terminaient rarement leur cursus scolaire à cause de certains préjugés qui disaient que la place de la fille est à côté de sa maman pour apprendre à devenir femme, surtout dans les localités reculées. Du coup, ces femmes n’ont pas un niveau d’instruction élevé et n’arrivent pas comprendre l’importance pour elles de s’engager en politique ; sans oublier le fait que les femmes même de façon générale ont peur même de s’y engager.
Aussi, les facteurs socio culturels ne facilitent pas l’engagement des femmes en politique. C’est vrai que les choses commencent à évoluer. Avant, il était difficile pour une femme d’intégrer un groupe d’hommes ou de prendre la parole en public.
Certaines femmes ont perdu leur foyer en voulant s’engager en politique et c’est ce qui peut décourager d’autres femmes à militer dans les partis politiques.
Quel est votre regard quant à la faible représentativité des femmes dans les postes électifs ?
La faible représentation des femmes dans les postes électifs est dû au fait qu’elles sont inscrites à des positions où elles ont moins de chance d’être élues (suppléantes). La plupart des partis politiques les inscrivent juste pour respecter la loi sur le quota genre.
L’autre facteur aussi est que les femmes n’ont pas confiance en elles-mêmes et ne s’affirment pas suffisamment pour avoir le mérite de la population. Ce qui fait qu’on a tendance à croire qu’elles sont incapables de diriger au même titre que les hommes. Ce qui n’est pourtant pas le cas.
Comment peut-on changer la donne?
Pour remédier à cela, il revient aux femmes de s’affirmer pour conquérir leur place en politique. Elles doivent s’organiser et montrer qu’elles sont capables de participer au développement de leurs localités. Les hommes ne vont pas leur céder la place, ce sont elles qui doivent se battre et démontrer qu’elles sont à même d’être élues et de diriger. Les femmes sont les plus nombreuses à voter lors des élections, alors qu’elles sont moins représentées ou mal positionnées sur les listes électorales. C’est pourquoi, elles doivent faire valoir davantage leurs compétences. Celles qui sont aussi élues doivent travailler pour mériter la confiance des populations, donner le meilleur d’elles-mêmes et leur image donnera peut-être le courage à d’autres femmes de s’engager en politique.
Assétou Maïga