Santé : il y a pire que le SIDA

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Aujourd’hui 28 juillet où le monde entier célèbre la journée internationale de lutte contre l’hépatite, c’est l’occasion de parler cette maladie silencieuse qui tue tous les jours et dont on parle peu

contrairement au VIH ou autres maladies comme le paludisme et la tuberculose.

 

 « Chaque jour un jeune meurt du cancer de foie dont le point de départ est la plupart du temps d’origine hépatique. Malheureusement, ce  tueur silencieux  ne se révèle aux patients qu’au stade de complications où on ne peut malheureusement rien faire », se désole Dr Da du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU YO) des désastres de la maladie.

Même sentiment chez le Dr Aziz Ouédraogo du Centre hospitalier de Ouahigouya. «  Je suis fatigué d’assister impuissamment aux décès de patients atteints du cancer du foie dont la cause dans 4/5 des cas est liée à l’hépatite B », s’indigne cet autre médecin.

Les témoignages de ces professionnels de la santé montrent à quel point la maladie fait des ravages dans les centres de formation sanitaire au Burkina Faso.

Contrairement au VIH sida dont le nom fait peur aux populations, l’hépatite moins connue. Pourtant selon le rapport mondial 2017 de l’OMS sur l’hépatite virale , cette maladie a causé 1,34 million de décès en 2015 dans le monde, soit un nombre comparable à celui des décès dus à la tuberculose et supérieur aux décès causés par le VIH. Pire, le nombre des décès dus à l’hépatite virale augmente avec le temps, tandis que la mortalité due à la tuberculose et au VIH est en baisse.

Au Burkina Faso, les données du centre national de transfusion sanguine (CNTS) font état de fortes prévalences au sein des donneurs de sang.  En 2013 par exemple, ces taux étaient de 10% pour l’hépatite B et 5,5% pour l’hépatite C. Du reste, selon l’OMS, l’hépatite B aiguë est responsable de 300 décès au sein de notre population, tandis que la cirrhose et le cancer primitif du foie causent respectivement 3 100 et 1 200 décès par an.

                                 Qu’est ce que l’hépatite ?

Selon le site de santé Pourquoi Docteur, à ce jour, cinq virus capables de provoquer une infection et une inflammation du foie ont été identifiés. Ces virus sont désignés par les lettres A, B, C, D et E. Ils diffèrent par leur mode de transmission et leur agressivité.

Le virus de l’hépatite A se transmet par contamination « manu-portée » (contamination des objets et des eaux par les selles des malades. Il donne des hépatites aiguës mais pas d’hépatites chroniques.

 

Le virus de l’hépatite C se transmet par piqûre lors des transfusions, lors de la prise de drogue, lors des tatouages ou lors de soins médicaux mal réalisés. La transmission lors des rapports sexuels est très rare. L’infection à VHC donne essentiellement des hépatites chroniques.

Le virus de l’hépatite D n’atteint que les personnes déjà contaminées par le virus de l’hépatite B. Le virus de l’hépatite E a un mode de contamination très voisin de celui de l’hépatite A.

                                 L’hépatite B, la plus dangereuse

Sanguin – drogues IV, tatouage, accidentel. Sexuelle – oral, vaginal, anal. Morsure humaine. Périnatale. Virus contenu dans sang, salive et sécrétions génitales.

L’hépatite B est une infection du foie qui est provoquée par le virus VHB. Le VHB est un virus à ADN de la famille des hepadnavirus. Ce virus peut survivre en dehors du corps pendant au moins 7 jours et résister à la chaleur.

Au cours de cette période, le virus est encore capable de provoquer une infection s’il pénètre dans le corps d’une personne non vaccinée.
Après être passé dans le sang, qui va l’acheminer ensuite vers sa cible, le foie, le VHC se multiplie à l’intérieur des cellules de cet organe (hépatocytes et cellules de Kupffer).

L’infection provoque donc des lésions inflammatoires du foie et des altérations des cellules du foie, qui aboutissent à leur destruction (cytolyse) par le système immunitaire. Une régénération des cellules du foie intervient en permanence, mais peut être dépassée par la destruction immunitaire et être rendue inefficace par la fibrose du foie.

Ce n’est, en effet, pas le virus qui détruit ces cellules, mais la réaction de défense immunitaire de l’organisme. Dans de rares cas, cette réaction immunitaire peut dépasser ses objectifs (détruire uniquement les cellules infectées) pour détruire complètement le foie (hépatite fulminante) et conduire au décès (sauf possibilité de greffe).

La période d’incubation de l’hépatite B est de 75 jours en moyenne, mais elle peut varier entre 30 et 180 jours. Le virus est détectable 30 à 60 jours après l’infection et il peut persister dans l’organisme pour donner une forme chronique de l’hépatite B.

Dans la plupart des cas après l’infection, aucun signe clinique n’est apparent pendant la phase aiguë de l’infection, en dehors d’une fatigue assez banale. Certaines personnes en revanche, souffrent à cette période d’une maladie aiguë avec des signes invalidants qui vont persister plusieurs semaines : il peut s’agir d’un jaunissement de la peau et des yeux (ictère), d’une coloration sombre des urines, d’une fatigue extrême, de nausées, de vomissements et de douleurs abdominales assez diffuses.

Chez certaines personnes, et particulièrement chez les enfants de moins de 5 ans, le virus de l’hépatite B peut évoluer vers une infection chronique du foie, susceptible d’évoluer ultérieurement en cirrhose hépatique ou en cancer primitif du foie (hépatome). Mais, généralement, plus de 90 % des adultes en bonne santé infectés par le virus de l’hépatite B se remettront naturellement de l’infection à VHB dans l’année qui suit.

L’hépatite B touche surtout les jeunes adultes et les enfants. Elle est immunisante : lorsqu’on a eu une fois l’hépatite B, on ne peut pas la contracter à nouveau (en revanche, on peut avoir une autre hépatite, virale ou toxique).

                      Comment se contracte la maladie ?

L’hépatite B se propage par exposition de la peau ou des muqueuses (micro-écorchures) et par le biais de la salive, des écoulements menstruels ou des sécrétions vaginales et du sperme. La transmission sexuelle est un mode fréquent de transmission de même que la transmission lors des soins médicaux des malades.

Le virus peut aussi se transmettre par contact avec des aiguilles contaminées (toxicomanie, tatouage, soins médicaux ou dentaires de mauvaise qualité) ou un rasoir (coiffeur).

Dans les pays en voie de développement où il existe une forte endémie, les modes de transmission les plus courants de l’hépatite B, sont la transmission mère-enfant au cours de la grossesse ou de l’accouchement (transmission périnatale) et la transmission par contact entre enfants.

Ceci pose un problème majeur dans la mesure où l’évolution vers une infection chronique est plus fréquente avant l’âge de 5 ans (contre moins de 5 % à l’âge adulte). Dans environ 30 % des cas, le mode de contamination par le VHB n’est pas retrouvé.

Comment prévenir  l’hépatite

La principale stratégie de prévention en vigueur est  la vaccination contre l’hépatite B introduite dans le Programme élargi de vaccination (PEV) depuis 2006. Mais ce vaccin ne peut être administré qu’aux enfants de deux mois et plus. Très bientôt la vaccination sera faite à la naissance comme le recommande l’OMS.

En dehors du vaccin, il n’y a pas de mesures spécifiques de prévention des hépatites en l’occurrence pour la prévention de la transmission mère enfant des hépatites B et C, des accidents d’expositions au sang et aux produits biologiques. Les mesures existantes se résument à celles prises dans les structures sanitaires pour la sécurisation de la transfusion du sang et autres produits biologiques dérivés, la prévention des infections lors des actes médicaux et chirurgicaux.

Toutefois, au vu des insuffisances dans le secteur public, le secteur de santé traditionnel est très sollicité pour la prise en charge des hépatites car offrant une panoplie de plantes médicinales à moindre coût, même si la preuve de leur efficacité n’a pas encore été établie.

Issa KARAMBIRI

Documents exploités : -chronique du gouvernement

                                       -rapport mondial 2017 de l’OMS sur les hépatites

                                       -Pourquoi docteur (https://www.pourquoidocteur.fr/ )

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