« Si les droits des personnes handicapées sont promus, elles se sentiront intégrées dans la société », Reine Akoandambou

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Les 20 et 21 juin 2018 à Ouagadougou, se tient le forum des personnes handicapées autour du thème :« Autonomisation sociale et économique des personnes handicapées : État des lieux et perspectives ». A la veille de ce grand rendez-vous, premier du genre au Burkina Faso, Queen Mafa a rencontré l’artiste musicienne La Reine Akoandambou,  Marie Claire Akoandambou à l’état civil .  Handicapée moteur, l’artiste donne son appréciation sur cet évènement.

 Le ministère en charge de la femme organise un forum pour les personnes vivant avec un handicap les 20 et 21 juin 2018, comment accueillez-vous cet évènement ?

C’est avec joie que nous accueillons ce forum, parce que c’est une première au Burkina Faso, pour permettre aux personnes vivant avec un handicap d’échanger directement avec le Président du Faso. C’est vraiment une très belle occasion de nous exprimer et de soumettre au Président tout ce qui nous tient à cœur. Tout ce qu’il pourrait réaliser afin de donner une autre image à la personne vivant avec un handicap au Burkina Faso.

En termes d’actions, qu’est-ce qui peut être utile pour ces personnes, selon vous?

D’abord, c’est l’application effective de nos droits. Les textes sont élaborés, on a voté des lois mais l’application traîne. Par exemple, il y a la carte d’invalidité que beaucoup tiennent mais qui ne sert pas. Il y a beaucoup de nos concitoyens qui ne sont même pas au courant de l’existence de cette carte d’affiliation. Ils  ne savent pas à quoi cela sert, ni les privilèges qu’elle donne. Cela a tendance à montrer que la carte n’a même pas d’utilité. Je crois qu’au cours de ce forum, il y aura une campagne de promotion pour que nous puissions vraiment jouir des avantages de cette carte.

En plus, il y a des faveurs qui doivent être faites à l’endroit des personnes handicapées, mais qui ne sont malheureusement pas respectées. Un handicapé ne doit pas faire la queue. Dans les hôpitaux, il n’y a pas souvent de rampes d’accès, des immeubles à niveau qui ne disposent pas d’ascenseurs, la priorité n’est pas toujours donnée aux personnes handicapées lorsqu’elles veulent prendre les transports en commun.

Tu dois faire la queue comme tout le monde. Imaginez-vous, si moi qui ne peux pas bien m’arrêter, si je dois faire la queue, je vais me retrouver à terre s’il y a une bousculade. Nous constituons une grande partie de la population. Si vraiment les droits des personnes handicapées sont divulgués et promus,  nous allons avoir une bonne image et nous allons encore mieux nous sentir intégrés et inclus dans la société.

De quelle manière vous sentez-vous concernée par ce forum ?

Je me sens concernée parce que toutes les préoccupations que nous allons soumettre au Président me concernent également. Je crois que nous sortirons plus satisfaits que déçus. J’ai cette conviction, surtout du côté des femmes handicapées.

C’est un statut très lourd à porter. La femme en général souffre dans notre société de part même son statut de femme uniquement. Si en plus du genre, elle est handicapée, cela fait deux statuts difficiles à porter.  Nous, étant femmes, nous allons plus nous attarder sur la question de la femme handicapée.  Je crois qu’avec le président, nous allons nous parler comme un père et  ses enfants.

Il est plus simple pour un garçon handicapé de se marier que pour une femme handicapée d’avoir un mari.

En tant que femme vivant avec un handicap, quelle est la difficulté majeure que vous constatez ?

 Particulièrement pour la femme handicapée, c’est le mauvais regard. Il  y a une question qui est très simple et banale. Voyez-vous, il est plus simple pour un garçon handicapé de se marier que pour une femme handicapée d’avoir un mari.

C’est un double statut difficile à porter. Aujourd’hui, on remarque que même les femmes valides ont du mal à trouver un mari, encore moins une handicapée. Même si le monsieur t’accepte et t’aime, sa famille en général va s’opposer avec des propos de ce genre : elle ne peut pas enfanter, elle ne peut pas porter de l’eau, etc. Ce sont des questions très lourdes auxquelles nous ne trouvons pas de réponses.

Lire aussi: Etre femme et handicapée: les dures réalités d’une double stigmatisation

Parlez-nous de vos activités  du moment et des projets futurs?

Je travaille en ce moment sur ma carrière artistique. Je fais mes prestations, je fais mes tournées sur le territoire. J’avais interrompu pour le festival que notre association organise, dont la 4ème  édition vient de se terminer. Je suis aussi en création avec d’autres artistes pour donner encore d’autres nouveautés aux mélomanes.

Avec notre association, on a aussi beaucoup de projets en cours. Nous préparons une tournée nationale pour sensibiliser sur l’éducation inclusive, nous organisons des dons à l’endroit des plus démunis.

Le projet à venir c’est Handi Talent 5 que nous préparons pour mai 2019 à Ouahigouya et je profite de votre micro pour inviter la population de Ouahigouya à s’apprêter pour  nous accueillir.

Comment votre association Claire Vision est-elle née ? Sa vision et les activités ?

L’association Claire Vision a été créée en 2002 et reconnue en 2004, on a renouvelé et on a obtenu le récépissé en 2017. Elle est née suite au constat de ce que vivent les personnes handicapées et comment l’association pouvait contribuer à l’épanouissement et à la promotion des personnes handicapées en général.

Toute personne qui se sent interpelée, qui sait qu’elle a quelque chose à apporter pour donner une image positive à la personne handicapée peut intégrer Claire Vision. Comme activités, il y a la scolarisation, la formation des femmes,  la promotion des artistes et artisans handicapés, etc.

Nos actions ne vont pas spécifiquement à l’endroit des personnes handicapées, elles touchent également les personnes valides mais démunis. Nous faisons des plaidoyers, nous approchons des ONG, de tous ceux qui peuvent contribuer pour donner le sourire à une personne dans le désespoir.

 

                                                                                                                              Assétou MAIGA

                                                                                                                         Aminata GANSORE

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