Si seulement je pouvais arrêter la cigarette, témoigne  Kabré Abdoul Sahamat

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Au Burkina Faso, le tabac est responsable de nombreux cas de maladies et de décès. Ainsi, 71% des décès sont liés  aux  cancers des poumons, 42% aux  maladies respiratoires chroniques et 10% aux  maladies cardio-vasculaires. Malgré ces chiffres désolants, le tabac continue d’acquérir chaque jour de nouveaux abonnés. Kabré Abdoul Sahamat en est un fidèle.

 

Kabré Abdoul Sahamat est un jeune âgé d’une trentaine d’années, résidant à Ouagadougou. Fumer la cigarette est son passe-temps favori, voire son allié au quotidien. Comment en est-il arrivé là ? «  C’est à force de goûter que je suis tombé dedans. Je pouvais fumer un paquet et demi par jour », relate-t-il. Ça, c’était son score d’avant. Même s’il s’est battu pour réussir à arrêter la cigarette, ce n’est pas évident.

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L’objectif d’arrêter définitivement la cigarette n’est pas encore atteint car de presque deux paquets par jour, il en fume 08 bâtons actuellement. L’effort et à saluer. Mais, pour atteindre le 00 bâton par jour, Abdoul Sahamat a encore du chemin à faire.

Kabré Abdoul Sahamat

La raison est qu’il est arrivé à un stade où la cigarette est devenue plus qu’une obsession nonobstant sa petite quantité. En effet, dans son sommeil souvent,  il se réveille en sursaut tout angoissé et réclame de la cigarette. «  Il me  faut absolument de la cigarette et vite. Ça ne rassasie pas. Mais, il me le faut quand même », a-t-il avoué. Ce malaise psychologique affecte sa vie de couple. Sa femme Zabda Alima est très inquiète de son état. Elle n’arrive pas à comprendre comment la cigarette peut influencer à ce point la vie d’une personne. Elle n’arrive surtout pas à comprendre pourquoi son mari n’arrive pas à arrêter de fumer malgré les multiples promesses qu’il lui fait.

Alima s’inquiète pour son mari

Zabda Alima, la femme d’Abdoul Sahamat

Abdoul Sahamat est conscient que fumer n’est pas du tout une bonne chose mais, ne peut s’en empêcher puisque selon lui, c’est au-delà de ses forces. Les disputes au sujet du tabac sont fréquentes entre lui et sa femme Alima. Elle affirme que parfois, son mari délire dans son sommeil. En plus, elle ne supporte plus l’odeur de la cigarette. « Quand il m’envoie en acheter, parfois je refuse. Parfois aussi, je pars. Je fais tout pour qu’il arrête définitivement de fumer pour qu’on puisse vivre heureux, mais… », a-t-elle laissé entendre, la désolation dans la voix. Les efforts d’Alima semblent vains et elle en souffre. Elle se demande d’où viendra le miracle qui va sauver son mari de cette emprise. En attendant de trouver la solution, elle continue de vivre sa routine. 

 

Respirer constamment la fumée de la cigarette représente pour certains, un acte banal, un acte normal et ordinaire jusqu’à ce qu’un jour, le déclic se fasse. C’est ce qu’Abdoul Sahamat essaie de faire comprendre. Du temps où il était membre d’une équipe qui convoyait des marchandises du Burkina Faso vers le Togo, l’apprenti-chauffeur, assis au côté du chauffeur, un fumeur avait visiblement du mal à supporter l’odeur de la cigarette. « Le chauffeur fumait, mais l’apprenti, non. La fumée dérangeait beaucoup l’apprenti », rappelle-t-il.

Mais, personne ne m’a cru

Le même scénario se répétait tous les jours pendant environ deux ans. Il poursuit: «Arrivé un matin à Lomé, l’apprenti avait des douleurs au cœur. J’ai tenté de lui  faire comprendre que c’est à cause de la fumée de la cigarette.  » Mais, personne ne m’a cru « , a-t-il indiqué. Des semaines après, comme la douleur  persistait et que la maladie s’aggravait, le patron lui-même a fini par croire à ce qu’Abdoul Sahamat dit.  A partir de ce moment, Abdoul Sahamat a confié avoir réalisé qu’être assis à côté de quelqu’un qui fume, c’est être vraiment en danger. Donc, maintenant, il se met à l’écart des gens quand il doit fumer en public.

 

Malgré cette expérience, Kabré Abdoul Sahamat devenu aujourd’hui jardinier n’a pas pu quitter le piège du tabac. « Si seulement, je pouvais arrêter de fumer », regrette-t-il. Quand elle a entendu cette phrase, Alima, sa femme a lancé un profond soupir.

 

Françoise Tougry Ouédraogo

Abdoulaye Ouédraogo (stagiaire)

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