L’art culinaire, c’est le domaine de prédilection de Clémence Ziba. Un domaine dans laquelle elle évolue avec succès, grâce à son talent. Dans ce milieu, Clémence a su se faire une place importante. Âgée de la soixantaine, elle nourrit de projets ambitieux dans le domaine de la restauration et de l’élevage.
D’une générosité désarmante, ce trait de caractère donne à Clémence Ziba, un côté sympathique et attachant. D’ailleurs, son nom signifie « douceur, bonté ».
Née à Bobo-Dioulasso dans la région des Hauts Bassins, elle s’est très vite intéressée à la cuisine. Ainsi, dès sa tendre enfance, elle aidait sa mère et ses tantes dans les différentes tâches, en lien avec la cuisine et les travaux domestiques. Son amour pour la cuisine était de jour en jour, visible.
« Mon père m’a dit que je ferais mieux d’aller aider ma maman dans la cuisine et comme, il l’a décidé, c’est resté comme ça. Donc, je n’ai pas pu aller en 6e. C’est ce qui a mis fin, à mes études. j’ai juste le niveau CEP », regrette-t-elle.
N’ayant pas d’autres alternatives que d’obéir à son père, elle abandonne l’école. Fort heureusement pour elle, une lueur d’espoir naît.
« Dans les années 78, je suis venue à Ouaga à la demande de ma tante Rosalie Bambara parce que je n’ai pu aller en 6e pour poursuivre les cours de dactylographie. Elle était la première femme inspectrice du travail de la Haute-Volta », relate-t-elle.
Rosalie Bambara soutient alors, sa nièce de 17 ans en lui permettant de suivre des cours de dactylographie à son service pendant deux ans. Mais, à cet âge, elle ne pouvait être recrutée.
« Je me suis battue pour me faire une place dans la société.«
Cependant, grâce à l’accompagnement de l’homme qui deviendra plus tard, son époux, elle gagne l’opportunité d’une formation en cuisine, sans diplôme.
Clémence Ziba va plus loin, en renforçant ses capacités professionnelles en dehors de la cuisine avec des stages notamment à l’assemblée nationale en son temps et pendant trois ans, à la Banque commerciale du Burkina (BCB).
« Mon stage était rémunéré et c’est avec ça que je me débrouillais », souligne-t-elle.
Plus tard, elle a eu à gérer le bureau de l’Alliance de la Mouvance Présidentielle qui réunissait 34 partis politiques.
« Je me suis battue pour me faire une place dans la société. J’ai même joué deux films avec le réalisateur Amadou Traoré. Je crois qu’une lueur d’espoir est à l’horizon », explique-t-elle.
Auparavant, militante dans plusieurs partis politiques, l’insurrection populaire a porté un coup dur aux différentes activités dans le pays.
« Maintenant, je suis à la maison. C’est la cuisine pour les cérémonies, mon occupation principale en plus de mes six petits-enfants », dit-elle.

Pendant plusieurs années, Clémence Ziba a offert des prestations de services en restauration dans plusieurs villes en dehors de Ouaga. Dans le Ziro, plus précisément à Dalo, à l’inauguration du CEG et de la Mairie, c’ est elle qui a assuré la cuisine. Koudougou, Kaya, Fada, Garango et bien d’autres localités ont bénéficié de ses services.
« Travailler est une habitude ancrée en moi«
Avoir toujours la force et les reins solides quand on a la soixantaine, ce n’est pas évident. Mais, Clémence Ziba y croit fermement contrairement à son entourage qui y voit un moment de fragilité nécessitant du repos.
Toutefois, cette grand-mère qui tient encore sur ces deux pieds n’y compte pas du tout, estimant qu’elle a encore de l’énergie à revendre et des compétences à faire valoir.
« Souvent, les enfants se plaignent car actuellement, j’ai les arthroses. Ils veulent que je me repose. Mais, je ne peux pas. Travailler est une habitude ancrée en moi et je ne peux pas m’asseoir. Mon petit-fils me dit : si tu es malade, mange seulement le repas de Mamie, tu seras guéri », raconte-t-elle avec sourire.

Depuis plus de 20 ans, Clémence Ziba évolue bien dans le domaine de la restauration des mets locaux. Elle propose plusieurs compétences notamment le gonré, le tô avec sauce, le babenda, les fritures et autre menu selon le choix de la clientèle, pour les baptêmes, les mariages, etc.
Malgré son âge avancé, Clémence Ziba est toujours sollicitée pour ses services dans la ville de Ouagadougou. Déterminée, elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
« Si c’est pour le travail, tous ceux qui me connaissent m’admirent. Je suis dynamique dans la cuisine. Si tu as un mariage et que tu m’appelles, ta cuisine est assurée », rassure-t-elle.
A 61 ans, Clémence Ziba rêve d’obtenir un local pour agrandir son activité, former les jeunes filles, s’occuper des femmes défavorisées et renforcer l’élevage des poules de races qu’elle fait, déjà.
Françoise Tougry
Seyni Yaméogo