Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des sages-femmes, le Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO) Dr Sennen Hountoun a rendu un vibrant hommage à ces femmes et à ce corps de métier. Le 5 mai 2025, il a fait l’état des lieux dans cette région.
« Les sages-femmes : indispensables en toutes circonstances », c’est sous ce thème que la journée a été célébrée. « Aujourd’hui, nous ne rendons pas seulement hommage à une profession, mais à une véritable bouée de sauvetage : la sage-femme dont le dévouement transforme le danger en espoir et la naissance en promesse de vie », a expliqué Dr Sennen Hounton au cours du webinaire organisé par le Réseau des Médias africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN).
Cependant, en temps de crise, les chiffres sont alarmants dans la région. En effet, plus de 500 femmes meurent chaque jour dans des contextes fragiles à cause de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.
A en croire Dr Sennen Hounton, malgré une insécurité profonde et une crise humanitaire persistante, le Burkina Faso a réussi à réduire sa mortalité maternelle de 787 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1990 à 242 en 2023.
Aussi, l’assistance à l’accouchement par du personnel qualifié est montée à 87 % et la fécondité totale a chuté de 6 à 4,9 enfants par femme.
« Voilà le fruit d’un investissement durable dans le capital humain et les systèmes de santé, même en contexte de crise », a-t-il martelé.
Lire aussi : « Les rendez-vous du REMAPSEN » outille les journalistes pour des productions plus inclusives
« Elles travaillent dans des conditions très difficiles ».
Aux dires du Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, une femme meurt toutes les quatre minutes.
Un nouveau-né décède toutes les 17 secondes. Une fille sur trois devient mère alors qu’elle est encore une enfant.
La région souffre également d’un déficit criard en ressources humaines. Le dernier rapport sur L’État de la pratique de sage-femme estime à 100 000 le nombre de sages-femmes supplémentaires nécessaires d’ici fin 2025, ne serait-ce que pour répondre à 90 % des besoins de santé essentiels.
Avec moins de 10 sages-femmes pour 10 000 habitants, bien en deçà des 44,5 recommandés par l’OMS, des pays comme le Tchad et le Niger où la mortalité maternelle dépasse encore les 800 décès pour 100 000 naissances vivantes, connaissent des pénuries particulièrement critiques.
« Et ce sont les communautés rurales, pourtant les plus vulnérables, qui sont les moins bien desservies, a-t-il souligné avec regrets.
Il a ajouté que les acquis engrangés sont menacés au regard des réductions majeures de financement que vivent ces pays notamment l’aide de l’USAID et la baisse générale de l’aide publique au développement.
Pour Dr Sennen Houston, il est très important de combler le déficit de sages-femmes, de prioriser leur déploiement dans les zones les plus vulnérables, de protéger les sages-femmes en contexte de crise et de garantir un financement adéquat et pérenne.
Françoise Tougry