Une peau abîmée, une estime de soi brisée, puis une renaissance. C’est l’histoire de Sèe Aline Dakouo, fondatrice de Dori Cosmétique, une marque née d’un long parcours de douleurs cutanées et de refus des solutions artificielles. Derrière ses savons naturels aujourd’hui prisés au Burkina Faso, au Mali, au Sénégal ou encore en Europe, se cache une femme qui a d’abord appris à se soigner elle-même, avant de soigner les autres.
Titulaire d’un master en anglais, d’un autre en gestion de projets, d’un MBA en management des entreprises, et interprète-traductrice de formation, Aline Dakouo allie compétence intellectuelle et rigueur entrepreneuriale. Elle continue de se former, de chercher et d’expérimenter. Employée dans une ONG financée par l’USAID, elle prend une décision radicale : finis les achats de cosmétiques douteux. Elle les fera, elle-même.
Le chemin n’a pas été linéaire. Pendant plus de 20 ans, depuis son âge de puberté, la peau d’Aline est restée son ennemie à cause des acnés persistants, les traitements inefficaces et les produits agressifs.

En 2018, un produit utilisé pour « unifier » son teint laisse des séquelles sur son visage, son dos et même sa poitrine. Elle se regarde avec désolation, elle doute. Et pourtant, elle ne cède pas à la tentation de la dépigmentation qui séduit tant, autour d’elle.
Son parcours dans la fabrication des produits cosmétiques commence mal car les premières formations qu’elle suit, sont détournées par des participantes désireuses de fabriquer des produits éclaircissants. Une logique de marché qu’elle rejette profondément. C’est à l’étranger, lors d’une formation encadrée par une experte franco-canadienne, qu’elle découvre l’univers des savons artisanaux, fondés sur les plantes et la science douce des dosages naturels. Elle teste d’abord sur elle-même. Le miracle a lieu : sa peau cicatrise, s’apaise, s’équilibre. Elle tient enfin, une réponse.
Dori Cosmétique, une marque de conviction
En août 2020, Sèe Aline Dakouo lance officiellement, Dori Cosmétique, une entreprise qui propose des savons naturels aux vertus cicatrisantes, antibactériennes, apaisantes. Ce sont les plantes qui forment l’ossature de ses produits. Neem, curcuma, charbon actif, aloe vera, Centella asiatica, romarin, dartrier… Des ingrédients cultivés parfois chez elle, dans des pots multicolores où pousse une mini-pharmacie naturelle. « La nature ne ment pas. Elle soigne, si on sait la respecter », affirme-t-elle.

Ses produits sont pensés pour tous les types de peau, pour les enfants comme les adultes, pour les femmes comme pour les hommes. Ces derniers représentent d’ailleurs, une clientèle importante notamment au Mali.
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« Ce n’est pas la peau noire qu’il faut changer, c’est le regard qu’on porte sur elle ».
Cependant, elle ne se contente pas de vendre des savons. Elle mène une lutte culturelle, presque politique ; Redonner confiance aux peaux noires, dénoncer la dépigmentation volontaire et les complexes qu’elle traduit. Sur ses réseaux sociaux, elle dénonce sans détour ce phénomène : « Ce n’est pas la peau noire qu’il faut changer, c’est le regard qu’on porte sur elle », aime-t-elle dire.

Elle reçoit encore des demandes de clients souhaitant des produits éclaircissants. Elle résiste. « C’est une des grandes difficultés de ce métier. Eduquer tout en vendant », confie-t-elle. Son combat est celui de l’acceptation de soi, de l’amour propre, et de la transmission d’une autre idée du soin, enracinée dans le naturel et le respect de soi. Mais, au-delà de l’ambition commerciale, Aline veut impacter, sensibiliser et éduquer. Elle rêve de voir émerger une génération de femmes fières de leur peau et conscientes des bienfaits que la nature peut leur offrir. Parce qu’avant d’être une entrepreneure, elle est une femme qui s’est guérie, et qui veut transmettre cette victoire.
Par la même occasion, elle invite toute personne désirant entreprendre dans le domaine du cosmétique, à aimer d’abord sa peau. « Il faut aimer la peau noire et s’aimer soi-même », lance-t-elle. Elle termine en ces mots, « On ne peut rien faire sans l’amour de ce qu’on fait », paraphrasant ainsi la pensée du philosophe Georg Wilhelm Friedrich Hegel, «Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion ».
Fabrice Sandwidi
Esther Latifa Rouamba