« De l’identité textile à l’innovation stylistique : la mode au carrefour de l’histoire et de la modernité », a été un thème développé par le styliste burkinabè François 1er Yaméogo, au cours d’un panel lors de la célébration des 25 ans de carrière de Koro DK Style. Dans son intervention, l’homme , connu pour sa prouesse dans l’art vestimentaire, nous ramène dans les années de l’indépendance, avant de revenir aux réalités de nos jours, en ce qui concerne la mode burkinabé et le textile.
Selon le panéliste, à leur temps, le tissu était destiné aux événements et aux rituels. Quand on parle d’habillement, on se distingue à travers la manière de s’habiller de certaines catégories de personnes.
Par exemple, le roi avait sa manière de s’habiller. Même tous ceux qui étaient à côté du roi appelés “Songna”, avaient aussi leur manière de s’habiller.
« Quelqu’un qui était très bien habillé en ville, pouvait même être déshabillés. On te dit que tu es très bien habillé et que le roi en a besoin. Ça, c’était nos valeurs traditionnelles », a-t-il expliqué.
Le paysan était reconnu par son style vestimentaire, tout comme ceux qui sont de la cour royale.
Parlant des femmes, il a fait savoir ceci : « Quand on voyait une femme qui marche et qui a attaché deux pagnes dont un pagne placé à l’épaule, on savait qu’elle est mariée. Mais, si elle a attaché deux pagnes sans un pagne à l’épaule, elle est célibataire. C’est-à-dire que dans notre société, il y avait des codes vestimentaires et on se reconnaissait quand on se rencontrait « , a-t-il souligné.
Rien qu’à travers l’habillement, on sait de quelle région, la personne vient. Les motifs étaient communicateurs en ce sens où Il y avait des motifs pour la fertilité, pour la force et pour la protection.
Même les couleurs parlaient. A en croire le styliste, c’est ainsi qu’après l’indépendance, Thomas Sankara est venu. Cependant, tout était organisé.
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Autrefois, les métiers à tisser étaient exclusifs aux hommes
Au plan culturel, le métier à tisser était normalement destiné aux hommes. Les femmes ne tissaient pas. Mais, a-t-il dit, je ne sais pas si ça se passait dans d’autres régions.
En tant que mossi, François a grandi au village. Mais, dans son village, il n’a jamais vu une femme tisser. C’est plutôt chez les missionnaires que cela était possible. En effet, il y avait des centres où toutes les filles qui refusaient le mariage forcé se rendaient. A partir de là, ils ont initié le tissage pour donner l’autorisation aux filles et aux femmes de pratiquer ce métier.
Ensuite, ils ont créé le “métier à deux pédales “ qui a complètement changé la donne jusqu’à ce que les Désiré Ouédraogo organisent le système ainsi que tous ceux qui étaient en Faso Dan Fani.
Au fur et à mesure, les gens ont commencé à demander le tissage et c’est devenu aujourd’hui, un métier de femme.
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Le textile, un domaine économiquement fort
Actuellement, le textile représente un PIB de 4%. Ça veut dire que dans domaine du stylisme et de la mode, le textile contribue au développement. Alors qu’en parlant de l’Or, c’est un domaine qui compte pour 5% dans le PIB. Cela signifie que le domaine du textile a un poids énorme dans l’économie du Burkina Faso.
« Il y a 4 millions de tracteurs. C’est-à-dire, de coton-culteurs, des tisserands et tous ceux qui suivent. Donc, je pense qu’aujourd’hui, le défi est là et le débat est lancé. C’est à nous maintenant, de travailler. Avec ce que nous faisons, nous pouvons le segmenter dans plusieurs domaines », a indiqué François 1er.
François 1er signale que beaucoup de gens s’intéressent à l’habillement contemporain. Autrement dit, peu de gens se spécialise dans le stylisme notamment dans la confection de tenus spécifiques au cinéma.
« Le cinéma est un autre monde et il y a des créateurs qui ne peuvent créer que pour les cinéastes. D’autres, pour les artistes, et certains pour les tenues professionnelles, la jeunesse, les personnes de troisième âge, etc. », a-t-il lancé.
Aux dires de François 1er, il est nécessaire de suivre l’évolution technologique et industrielle de la mode et du textile.
« C’est à nous de travailler pour pouvoir développer notre secteur et composer avec le monde. Notre erreur, c’est de croire que le monde nous attend. Non ! Je suis revenu de Casablanca, il y a 15 jours et il y a un mois, je suis revenu de la RDC Congo. Mais,, les choses vont trop vite. Si on ne se met pas au travail, je vous donne trois ans. Nous aurons notre matière première. Mais, on sera trop en retard sur le marché », a-t-il martelé.
Pour lui, la réflexion va très vite alors que le Burkina a toutes les matières premières, le marché, le coton, la possibilité et tout ce qu’il faut.
« Donc, c’est à nous de travailler. Sinon, je vous assure que la mode burkinabé peut traverser les frontières », a-t-il déclaré.
Abdoulaye Ouédraogo/Queenmafa.net







