Lors de son Assemblée Générale tenue le 20 septembre 2025, l’antenne burkinabè de Women in Global Health (WGH-BF) a présenté les résultats d’une étude inédite sur le positionnement des femmes dans les postes de leadership du secteur de la santé. Cette recherche, réalisée entre janvier et février, dresse un état des lieux précis de la participation féminine au sein du ministère de la Santé, des formations sanitaires et des organisations partenaires.
Alors que les femmes constituent près de 70 % des personnels de santé au Burkina Faso, 23 %, occupent des postes de responsabilité dans le secteur. Une tendance qui reflète la situation mondiale, où la main-d’œuvre féminine est majoritaire en santé, mais sous-représentée dans la gouvernance. L’étude, menée auprès de 200 professionnels de santé, a combiné enquêtes quantitatives, entretiens qualitatifs et analyse des bases de données nationales.
Des obstacles persistants
Les résultats mettent en lumière plusieurs freins à l’accès des femmes aux postes de décision. Parmi ceux-ci, les contraintes familiales reviennent avec insistance. La maternité et la gestion du foyer, perçues comme une responsabilité quasi exclusive des femmes, ralentissent leur progression professionnelle et affectent parfois la perception de leurs collègues. Ces réalités se doublent de stéréotypes persistants : diriger reste trop souvent associé au masculin, ce qui nourrit des préjugés et pousse certaines femmes à s’autocensurer. À cela s’ajoutent des conditions de travail peu favorables, qui ne tiennent pas toujours compte des spécificités liées à la vie familiale.
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Des atouts à valoriser
Mais le rapport ne s’arrête pas au constat des difficultés. Il met également en avant les qualités que les femmes apportent dans leur manière d’exercer le leadership : leur capacité à gérer plusieurs responsabilités en parallèle, leur sens de l’écoute et leur empathie, autant de compétences reconnues par leurs pairs comme des atouts précieux. Certaines ont su s’imposer grâce à leur persévérance, souvent soutenues par des supérieurs hiérarchiques bienveillants ou par des réseaux de solidarité féminins.
Des recommandations pour l’avenir
Face à ces constats, WGH-BF appelle à transformer les discours en actions concrètes. Le rapport recommande de renforcer la confiance et les compétences des femmes à travers des formations et du mentorat, mais aussi de revoir les conditions de travail afin de mieux concilier vie familiale et professionnelle. Mettre en lumière des modèles féminins déjà en responsabilité apparaît également essentiel pour inspirer et motiver les nouvelles générations.
« Promouvoir le leadership féminin dans la santé, c’est renforcer tout le système », a souligné la présentatrice de l’étude, Dr Fadima Bocoum. Pour WGH-BF, il ne s’agit pas seulement d’équité, mais d’efficacité et de qualité des services de santé. L’organisation s’engage désormais à faire de cette étude une base pour un plan d’actions destiné à ouvrir davantage les portes de la gouvernance aux femmes burkinabè.
Fabrice Sandwidi