La 4e édition de la Semaine du Film Burkinabè (SeFiB) a été officiellement lancé, ce dimanche 07 décembre 2025 à Ouagadougou. Placée sous le thème : « Cinéma et révolution : éveil des consciences et souveraineté des peuples », la soirée a été marquée par un public nombreux, la présence de figures majeures du cinéma burkinabè et un moment historique. Celui d’un hommage national rendu au réalisateur Gaston Kaboré, pionnier du 7e art.
Le ton est donné pour la 4e édition de la Semaine du Film Burkinabè. À l’entame de la soirée, plusieurs personnalités se sont succédés sur le podium pour livrer leurs discours.
Dans son allocution d’ouverture, le Directeur général du CENASA, Abraham Abassagué, a rappelé les ambitions fondatrices de la SeFiB, née il y a quatre ans.
« La SeFiB s’est donné comme objectif de se positionner comme un rendez-vous majeur de valorisation du cinéma burkinabè. Un espace où le peuple retrouve ses racines, ravive sa mémoire et se réapproprie les idéaux d’une révolution populaire et progressiste », a-t-il souligné.
Revenant sur le thème 2025, il a insisté sur le rôle stratégique du cinéma dans la déconstruction des schémas coloniaux et la reconstruction d’un imaginaire souverain.
« Le cinéma peut être un outil pernicieux de conditionnement. Mais bien utilisé, il devient un puissant levier de libération, de désaliénation et de célébration de notre grandeur », a-t-il soutenu.
De même, il a dévoilé le programme de la semaine. Sur la liste, il y aura des projections quotidiennes, des journées thématiques, un espace interactif dédié aux métiers du cinéma, des rencontres avec les scolaires et un retour aux films patrimoniaux. Une vision articulée autour de l’éducation, de la transmission et de la renaissance culturelle.

Il a salué l’audace des réalisateurs burkinabè qui, malgré un contexte difficile, continuent de produire des œuvres qui interrogent la société. « Certaines productions forcent une remise en question des valeurs et des préjugés », a-t-il confié. Et d’ajouter, « nos cinéastes font preuve d’un courage admirable ».
L’ancien ministre et diplomate a rappelé que le Burkina reste une terre d’innovation cinématographique, citant notamment Le Sang des parias, Tilaï, Buud Yam ou encore l’Étalon d’or 2025 remporté par Dany Kouyaté.
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Un hommage au doyen Gaston Kaboré
Moment le plus attendu de la soirée est l’entrée sur scène de Gaston Kaboré, visiblement ému, sous une salve d’applaudissements nourris.

Le réalisateur de Wend Kuuni et Buud Yam a livré un discours rempli de modestie et de mémoire. « Beaucoup ont rappelé que j’ai commencé par les études d’histoire. Je voudrais dire que Le Sang des parias et Sur le chemin de la réconciliation nous ont précédés. Il faut toujours reconnaître ces pionniers », a-t-il lancé.
Il a ensuite remercié les artistes ayant travaillé à ses côtés. « Dans le cinéma, c’est une famille. Une famille qui travaille au service d’un objectif unique : faire exister une histoire qui voyage dans la vie des millions de spectateurs », a-t-il expliqué.
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Gaston Kaboré n’a pas manqué également de saluer la détermination de la jeunesse burkinabè et l’élan patriotique actuel. À l’entendre, son souhait est que le cinéma burkinabè avance avec des jeunes qui n’ont pas froid aux yeux.
À la fin de la cérémonie, le doyen s’est confié sur la signification de cet hommage à son égard. « Cela me remplit de fierté et de bonheur. On fait son travail, déjà c’est une chance de pouvoir le faire », a-t-il fait savoir avant de renchérir, « Si en plus on vous félicite, on ne peut qu’être heureux. Je suis doublement gratifié par la reconnaissance des autres et par la satisfaction d’avoir fait simplement mon travail ».
Une déclaration humble, à l’image de cet artiste dont la carrière inspire aujourd’hui une nouvelle génération de réalisateurs et techniciens.

Entre réflexion politique, célébration artistique et reconnaissance des pionniers, la cérémonie d’ouverture de la SeFiB 2025 s’est imposée comme un moment fort pour le secteur audiovisuel burkinabè. Le public a ensuite, assisté à la projection du film Zan Boko de Gaston Kaboré, clôturant une soirée où émotion, engagement et patriotisme se sont entremêlés.
La Semaine du Film Burkinabè se poursuit jusqu’au 14 décembre 2025, avec l’ambition clairement affichée : réaffirmer le cinéma comme un outil de souveraineté culturelle et de transformation sociale.
Fabrice Sandwidi/Queenmafa.net








