Au Burkina Faso, selon une étude publiée sur lefaso.net, plus d’une centaine de femmes accusées de sorcellerie a trouvé refuge au pensionnat Delwendé de Sakoula. Grâce à la médiation menée par la Commission épiscopale Justice et Paix (CIP) de la conférence épiscopale Burkina-Niger, 104 femmes issues des centres d’accueil ont regagné leur domicile pour un nouveau départ.
Victorine Yelwaoré, ex pensionnaire de Sakoula, âgé de 49 ans et accusée d’avoir mangé l’âme d’un bébé, est chassée de la cour familiale. Aujourd’hui , elle se reconstruit à Panzani en vendant des sacs de charbon de bois. Angèle Illy, cette vieille de 70 ans, répudiée et bannie de sa famille pendant treize ans se débrouille dans le faufilage du coton auprès de sa famille.
De 2010 à ce jour, la Commission épiscopale Justice et Paix (CIP) de la conférence épiscopale Burkina-Niger réintégré 104 femmes, octroyé au total 12 logements et soutenu financièrement 22 d’entre elles après leur réinsertion. Elle se charge également d’effectuer des visites inopinées de suivi et d’observation pour s’assurer que la victime est totalement épanouie dans sa famille.
Parmi ces bénéficiaires, « Le processus est long et pénible, parce que le pardon ne se décrète pas », a-t-il confié Maxime Zoungrana, un des para-juristes de la commission engagée pour la causes des victimes accusées de sorcellerie. A l‘en croire, il s’agit de travailler à instaurer le dialogue entre accusées et familles afin de trouver un compromis pour que celles-ci rejoignent leur famille. Il doit au nom de l’accusé, aller implorer la clémence de la famille pour recréer les liens. Il souligne aussi que certaines médiations n’aboutissent pas.
Lorsque la médiation a réussi, les responsables de la CIP prévoient pour la rejetée un plan de relogement et de réinsertion professionnelle à travers la construction d’une maison, le financement d’une activité génératrice de revenus de 50 mille et des vivres. Des accompagnements qui sont financés par des partenaires. Et pour être sûr, que la famille à accepter la médiation, on leur demande une somme forfaitaire pour accompagner la victime dans son intégration familiale.
La psychologue Noëllie Kouraogo a indiqué que la fragilité psychologique, suite aux traumatismes vécus par les femmes victimes d’accusation de la sorcellerie, d’exclusion, d’isolement et de rupture soudaine des liens avec la famille ou la communauté constitue un frein à leur réintégration complète. Les accusations de sorcellerie dont elles ont été victimes peuvent ne pas favoriser le rétablissement d’un climat de confiance favorable à une cohabitation sereine une fois de retour dans leur communauté.
Lefasonet